Les chevaux et les hommes étaient épuisés. Le soleil encore chaud faisait ruisseler nos fronts. Des effluves de fraises et de roses mélées s'échappaient des taillis de ronces en fleurs. Soudain, l'air lourd et musqué qui caressait quelques herbes sèches fit place à un souffle plus frais. Vint un gros orage.Juste le temps de nous abriter sous les tentes plantées à la hâte. Notre reine était là, parmi nous !
Aliénor, la charmante Aliénor !
Chacun s'occupait...
Pendant que les uns briquaient leurs épées, d'autres racontaient leurs exploits en buvant leurs tisanes, sous le rire bruyant des dames à la vertue légère !
Où était donc passé l'esprit des croisades?
Alexandre avait pris sa plume. Moi je cuivrais le frêle goulot d'une ampoule de verre clair sur laquelle j'avais serti une petite fleur de métal, identique à celle que portait notre souveraine sur sa ceinture et que je remplirai du parfum choisi à son attention.
Cette lumière des mercures nous protègera-t-elle également de la peste?
D'un geste précis je terminai le bijou.
"Ma Reine, voici votre fleuron ! Que la prime essence de genêt* qu'il contient puisse vous protéger ! De grâce, acceptez cet humble présent !"
Un grand sourire illumina son visage et ses yeux s'émerveillèrent !
Puis s'adressant à sa cour :
"Ce fleuron sera notre emblême ! Que votre coeur en soit récompensé Dame Daëna"
Ainsi s'achève cette histoire.
Les rayons de soleil jouaient à nouveau avec la lumière. Dehors flottait un air humide et libre baigné d'arômes d'essences légères...
Nous pouvions repartir !
*Henri Plantagenêt, époux d'Aliénor d'Aquitaine, avait été surnommé ainsi car lui et ses troupes avaient pour habitude de porter des fleurs de genêt sur leurs casques.